Campofei est l’un des villages les plus importants de la commune de Castelmagno (CN), dans le haut Val Grana. Il est situé à 1489 m d’altitude et les racines de son histoire remontent au Moyen Âge. Le toponyme est lié à la forêt limitrophe, dite du «fei», c’est-à-dire du hêtre, qui est entre autres citée dans un document comptable du XVIIIe siècle. La morphologie de l’implantation de ce hameau s’avère très complexe: différentes phases d’expansion peuvent être déterminées, en partant du noyau médiéval autour de l’église, où se trouvent les habitations principales, qui donnent sur les prés en amont, ponctués des ruines d’anciennes granges et des silhouettes de frênes.

ph courtesy: Pier Maulini

La splendeur démographique maximale de cette localité commence à la moitié du XIXe siècle, mais le phénomène de l’abandon la touche ensuite de plein fouet au cours de la première moitié du XXe siècle. L’histoire de Campofei change en 2009, quand quatre entrepreneurs décident d’investir dans la réhabilitation de l’ensemble du village. Ils se lancent alors dans quelques interventions visant à faire revivre le bourg, en créant des micro-économies liées à la filière du Castelmagno, célèbre fromage italien, ainsi qu’à la production d’herbes aromatiques. Cela permet d’offrir des emplois stables aux jeunes et de se réapproprier de la gestion du territoire. En vue de la réalisation d’un projet paysager complet et homogène, le premier grand problème à affronter a été celui du morcèlement de la propriété: la solution a été d’acheter tout le noyau, avec ses pertinences. Dès le départ, le projet de réhabilitation s’est heurté aux obstacles liés aux critères d’intervention sur un patrimoine diffus, dont l’état de dégradation et d’abandon avancé semblait rendre malaisée la conservation tout court, relançant le défi d’un concept de dialogue entre l’ancien et le nouveau afin de créer de nouveaux paysages.

ph courtesy: Pier Maulini

Les architectes auteurs du projet ont collaboré avec Daniele Regis, professeur à l’École Polytechnique de Turin. Dans la restructuration du bâtiment qui est présenté ici, une grange de la fin du XIXe siècle, les éléments d’origine ont été con-servés et correctement restaurés: les maçonneries, la toiture et les balcons. Les nouvelles menuiseries et les nouvelles cloisons en bois qui constituent la « maison dans la maison » ont été reculées par rapport au périmètre intérieur des vieux murs, afin de ne pas modifier l’aspect esthétique d’origine; le plancher et les boiseries sont en sapin, bien isolé; pour réaliser les ouvertures qui relient les deux étages, ce sont le fer et le verre qui ont été utilisés, contraposition « industrielle » à la pierre préexistante, ainsi que la cuisine et le mobilier sur mesure. Le canapé, la table à manger, le meuble de télé, le lit, le fauteuil et l’éclairage ont tous été créés par des grands noms de l’ameublement d’intérieur.